quelle idée mon garçon

Publié le par Telap

Une course à faire, banquière, pas le choix, un quart d'heure de ballade au beau milieu de la matinée studieuse du jeune architecte dessinant le futur de Ploërmel.
Une matinée comme vraiment plein d'autres, c'est ce qui fait son charme, pas d'enjeu pas de stress, si on aime la vie, on apprécie...
Me voilà dehors, dans ma grande veste verte, sac en bandoulière, en marche vers ma nouvelle carte bancaire. Aventure, grands espaces, ... Je réalise alors qu'il est très rare que je sois dans la rue à cette heure là d'une matinée comme tant d'autres, dans la ville. Rassurez vous, il fait gris et il y a du vent.
Une réalité me saute au visage, quelque chose cloche, d'habitude, enfin de mon habitude, les rues sont peuplées de gens, lesquels sont tous différents, et par défaut sympathiques, souvent il y a des jeunes des vieux, des gens habillés en rose, ou en gris, des gens qui regardent le ciel, d'autres leurs pieds, des qui marchent, d'autres qui parlent, certains mangent des sandwichs, ceux qui longent les murs, et ceux qui flanent...
Là, stupeur et petite gène, devant moi est disposée, mouvante et vivante, une toute petite foule de femmes. Il y a là quelques femmes au foyer, une ou deux qui cherchent du travail, quelques pépettes qui sèchent les cours, beaucoup de femme agées malines (malines parce qu'elles font leurs courses le mardi matin et non pas aux jours et heures où il y a déjà un monde fou)... Que des femmes ! Même les gens assimilables à des gens là par hasard, comme moi, sont tous des femmes, sauf moi. Je cherche alors des yeux un mâle avec qui m'étonner de ce monopole, je cherche à fonder une communauté minoritaire, qui pourra ensuite être contestataire et avoir sa propre chaine de télé cablée... mais point d'homme dans le tableau.
Si, au bout du boulevard de la Liberté, une fesse sur sa voiture berline luxe foncée qui brille, un type téléphone bruyamment, comme au beau milieu de la basse cour, en jetant des regards mouillés de désir au moindre jupon qui passe. Je fais de mon mieux pour ne pas faire de même, si c'est avec ce genre de gens que je dois fonder ma minorité, merci bien mais je préfère assumer mon rôle de dernier mâle reproducteur du boulevard de la liberté, et en subir les obligations dans l'heure. Le type est tellement plus différent de moi que ne le sont les femmes, dames et filles qui m'entourent que je me sens finalement très bien au milieu de ce gynécée.
C'est, une fois le facheux dépassé, un regard franc et gentil que j'aborde mon tournant à droite, vers la banque (j'ai toujours réussi à m'arranger pour que la banque soit à droite, et la librairie à gauche, ça me fait rêver d'une carrière parlementaire). Le peu d'attention que je porte à la plupart des choses qui se passent dans cette rue est du en partie au fait que je passe devant un magasin d'"articles de cave", et qu'ils ont de beaux tire bouchons.
La banque est, mais je ne feins même pas la surprise, pleine de femmes. Des deux hôtesses je ne sais par le regard de laquelle me laisser envouter, et moi choix fait, il me suffit de dire ce que viens faire là pour qu'elle se retourne et fouille dans son grand tirroir en mélaminé compressé imitation ton bois clair. Alors que mon regard refuse de la regarder de dos, j'entend derrière moi la double porte automatique s'ouvrir, un courant d'air frais souffler sur les guichets, puis la porte se refermer. Un homme vient d'entrer. Je me concentre pour lui faire face, je pose machinalement mon portefeuille sur la banque d'acceuil, pour avoir les deux mains libres si ça dégénère, d'un oeil gauche (pour plus de sureté) je vérifie que la caméra de surveillance est allumée, et je tourne la tête, pret à défendre mon statut de gardien de mes amazones. Surprise encore, c'est mon banquier, je le connais, ne tirez pas. Il me regarde en souriant, me dit bonjour, cherche par un mouvement léger du sourcil droit à s'encquérir d'éventuels grands projets financiers dont j'aurais gardé le secret jusqu'à maintenant mais que j'aurais pris la grave décision de porter au grand jour maintenant, en le choisissant lui comme premier apôtre. Déçu mais un peu soulagé, il sautille vers son bureau et s'y enferme, surement peu accoutumé à une telle omniprésence féminine.
Ma carte bancaire m'arrive dans les mains comme un pétale sur un étang calme, le sourire de la demoiselle effleure mes lèvres en un rêve partagé, et je repars chantant, dans la rue fraiche et claire de cette matinée comme une autre.
Tout se compliqua pourtant dans ma tête quand par hasard je le jure, je me retrouvai marchant derrière de belles fesses. Ces expériences malheureuses qui me mènent si souvent à reconsidérer mon appartenance au règne animal, se faisaient rares en ce début d'automne, mais là c'est une gentille extase. Malgré moi je ralenti le pas pour mettre dans le sien, je suis envouté.
Souvent, si souvent, la chaleur qui s'installe dans mon coeur dans ces instants bénis se dissipent à la vue du visage de la demoiselle, tant il faut bien avouer que je suis beaucoup plus exigeant en matière de faciès que de fessiers. Pourtant je la dépasse, jette un petit regard à gauche pour découvrir ses yeux... elle est belle ! Mon dieu si tu existes c'est vrai que je ne crois plus en toi depuis longtemps et que je ne fais vraiment jamais ma prière mais si tu existes, fais quelque chose, c'est l'occaz de me donner la foi !
Hélas dans ces cas là il faut s'aider soi même pour que le ciel s'en mèle, et mon travail déjà me rattrappe, ma timidité prend le contrôle, et c'est d'un pas pressé, presque apeuré, que je regagne ma table à dessin.
Mon plan masse me semble bien triste tout à coup.
Tiens je vais le refaire avec des courbes...

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